Cher(e)s ami(e)s d’Hurtebise,
Nous voici pour faire le grand saut… L’Avent est à nos portes !
Mais qu’est-ce que cela veut dire pour notre église, pour notre monde, pour chacun(e) de nous ?
Vous savez que ce temps d’Avent nous prépare à la fête de Noël… Quand on parle de « Noël », nous prévoyons déjà les festivités autour du sapin, les menus de fête, les cadeaux pour ceux et celles qui nous sont cher(e)s, les guirlandes lumineuses qui scintillent…
Mais l’actualité de notre monde nous offre un autre aspect, moins joyeux : les guerres d’Israël et de Palestine, avec leurs retombées sur le Liban et l’Iran ; l’inquiétude liée aux élections américaines ; les menaces Russes ; les dictateurs qui veulent diriger notre monde ; les bouleversements climatiques ; les migrants ; les victimes des addictions ; tant de populations, tant de familles en souffrances…
Face à cette réalité que notre fête de Noël ne peut nier mais qui la concerne, l’évangile de ce premier dimanche d’Avent peut nous éclairer :
« Jésus parlait à ses disciples de sa venue :
‘Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles.
Sur terre, les nations seront affolées et désemparées
par le fracas de la mer et des flots.
Les hommes mourront de peur
dans l’attente de ce qui doit arriver au monde,
car les puissances des cieux seront ébranlées.
Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans une nuée,
avec puissance et grande gloire.
Quand ces événements commenceront,
redressez-vous et relevez la tête,
car votre rédemption approche.
Tenez-vous sur vos gardes,
de crainte que votre cœur ne s’alourdisse
dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie,
et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste comme un filet ;
il s’abattra, en effet,
sur tous les habitants de la terre entière.
Restez éveillés et priez en tout temps :
ainsi vous aurez la force
d’échapper à tout ce qui doit arriver,
et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme’ »
(Lc 21, 25-28.34-36)[1]
Cet évangile fait incontestablement écho à l’actualité de nos médias : il fait frémir… La situation est terrible et terrifiante !
Pour aborder un tel texte, il nous faut nous souvenir de son genre littéraire, que l’on appelle « apocalyptique ». Cette appellation ne suggère pas la description d’horreurs, mais l’étymologie d’« apocalypse » renvoie au fait de « lever le voile », de « révéler ».
Les récits apocalyptiques sont donc des textes de révélation…
Les caractéristiques qui les définissent peuvent nous aider à comprendre l’évangile de ce premier dimanche d’Avent.
D’abord, ces récits sont écrits pour des temps de détresse. Ces signes effrayants veulent rendre compte que le monde présent passe : « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles… le fracas de la mer et des flots… les puissances des cieux seront ébranlées ».
Ensuite, il s’agit de livres de consolation. Ils invitent les croyants à ne pas craindre l’avenir : « Les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde ».
En revanche, ils les encouragent à tenir bon, avec courage et Espérance : « Votre rédemption (libération) approche ».
Et puis, ce qu’ils révèlent, c’est la face cachée de l’histoire, la victoire finale de Dieu, malgré les apparences. Ils n’évoquent pas une fin du monde, mais la transformation ou le renouvellement du monde. Derrière le chamboulement cosmique, ils proclament le message que Dieu aura le dernier mot : « On verra le Fils de l’homme venir dans une nuée, avec puissance et grande gloire ».
Enfin, les récits apocalyptiques exhortent les croyants à adopter une attitude non pas d’attente passive, mais de vigilance active. Le quotidien doit être vécu à la lumière de cette Espérance : « Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête... tenez-vous sur vos gardes… restez éveillés et priez en tout temps ».
Ces quelques traits résonnent avec notre actualité.
En effet, nous vivons un temps de détresse : la situation de notre monde l’atteste de tous côtés. Oui, nous aspirons à une parole authentique de consolation, qui nous conduise à un avenir, nous ouvre à une Espérance.
Dès lors, l’évangile nous invite à nous « redresser », à « lever la tête » ! Nous ne sommes pas appelés à nous courber, à nous résigner, à consentir à tous ces malheurs, à enfouir notre tête dans le sable… ou à nous enfermer dans une bulle de bien-être.
Dans notre monde tel qu’il est, l’évangile nous appelle à la vigilance, à l’attention !
En cet Avent qui commence et qui tourne notre regard vers la fête de Noël, Quelqu’un se fait désirer, attendre, espérer : Celui que l’évangile de ce jour nomme « Fils de l’homme », Jésus lui-même.
Nous attendons sa Visite dans nos crèches, mais aussi et surtout dans notre monde.
Alors, pour qu’Il y trouve une place, l’évangile nous propose de scruter cette actualité pour y soutenir l’Espérance… Il nous invite à discerner les traces de sa Venue dans notre monde d’aujourd’hui et à ne pas craindre l’avenir. Il nous convie à la confiance.
Malgré les apparences, Dieu est à l’œuvre… Et Il nous engage à Sa suite.
Ce Temps d’Avent nous conduit à répandre un peu plus de fraternité, de solidarité et de paix sur notre terre, là où nous sommes : se rendre proche d’un plus pauvre, offrir un regard de compassion, soutenir une personne isolée, partager des denrées alimentaires ou un repas… en somme, élargir l’espace de notre fête.
Afin que la Lumière de Noël brille aussi pour d’autres, pour tous les autres… et que l’Espérance se propage en notre monde !
Belle entrée en Avent, ce « temps du long désir »… Avec confiance, appelons la Venue de Dieu sur notre terre !
Déjà une belle fête de Noël à chacun(e) de vous, ainsi qu’à tous ceux et celles qui vous sont cher(e)s,
Sr Marie-Jean Noville
[1] Pour approfondir : Fr. Bovon, L’évangile selon Saint Luc, 19, 28-24, 53, Genève, Labor et Fides, 2009, p. 152 - 161 ; M.-N. Thabut, L’intelligence des Écritures, 5, Paris, éditions Artège, 2012, p. 8-21.
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